Sortie du 23 Janvier 2015
3 Participants : Christian CHARLETTY, Patrick GUICHEBARON et bruno SOURZAC.
Objectif :
Nous sommes 2 bagolus en cette fin de semaine bien décidés à en découdre et à faire avancer la science dans les amonts de confucius.
Entrée dans le gouffre vers 11h, descente sans problème jusqu’au bivouac, petite pause repas, et remontée des 100 m d’artif, bien chargés du matos de progression et de topo.
Je trouve la progression incroyablement longue, quelqu’un a dû déplacer les points topos, car ce n’est pas 100 mais 200 m de ressenti que nous remontons. Faut dire que la semaine a été chargée en virus et bactéries de tous ordres, je fais la sortie avec une bonne sinusite et les oreilles complétement bouchées.
Tout bon docteur vous conseille dans ces cas-là de rester tranquilou au chaud, mais comme ce sont les cordonniers les + mal chaussés, c’est connu, faites ce que je dis …et pis c’est tout.
Nous allons jeter un œil au bout de la galerie hara kiri, sécurisée dans la semaine par Pierre et Bruno qui ont finis la topo et posés 2 bouts de nouille (chinoise) bien utiles.
Nous arrivons sur le siphon, qui nous provoque un réflexe jugulotesticulaire bien compréhensible (les boules, quoi….). En effet il n’y a aucune raison qu’une galerie de cette dimension la (5* 5 m en moyenne) stoppe au bout de 200 m sauf trémie ou siphon suspendu…cette galerie fossile part en plein en direction de la faille du col de Pierre carré, et représente une pièce capitale dans la structure et la compréhension du creusement de la cavité. La logique veut qu’elle continue derrière. Et puis notre chauvesouris n’aimant pas l’eau (comme nous), elle a forcément trouvée un shunt…
Ce siphon ne parait pas alimenté. Il faudrait donc demander à un plongeur de le sonder, et éventuellement envisager un désiphonage.
Au passage, nous repérons un beau départ en méandre qu’il nous faudra atteindre. Du boulot en perspective pour nos funambules.
Nous retournons au départ de la pointe amorcée par Bruno et pierre dans la semaine.
De l’autre côté arrive l’actif qui bascule dans le méandre confucius. Un beau volume l’accompagne ; c’est notre objectif du jour.
Alors que nous nous préparons à l’escalade, on entend un…. « yahouhououou… » Dans notre dos. Nous ne sommes plus seuls. Nous voyons arriver un Bruno, hilare, un œil fermé (cause projection métallique dans l’œil suite à burinage intempestif de marteau à spits versus calcaire urgonien il y a 3 jours).
Je jette un coup d’œil (gag) à l’objet du délit, et me convainc qu’il est tout à fait en pleine possession de ses moyens. Donc au boulot, la suite c’est la haut. Notre ami ne se fait pas prier.
Il grimpe sur la corde de l’escalade précédente, je le rejoints à l’assurance, amarré sur une grosse bite stalagmitique (je double quand même l’assurance avec une sangle, faut toujours se méfier des vieux pieux). Un p’tit pendule, un amarrage sur un truc qui tient on ne sait pas comment (on en fera une dev) puis un double point bien pêchu. Je rejoints Bruno qui a déjà commencé à équiper la suite en retrouvant l’actif qui arrose la galerie.
Charlot me rejoint.
Je reprends Bruno à l’assurance, cela ressemble copie conforme au méandre confucius. Je rejoints Bruno 20 m + haut, et il nous faut décider de la suite. A droite, un départ déjà vu par notre ami, sans espoir. 15 m + haut, un plafond d’où vient l’actif. Au point où nous en sommes, autant finir le boulot, Bruno démarre, je l’assure, Charlot se caille.
Je fais une photo d’une coulée stalagmitique.
Bruno passe une étroiture au sommet du méandre, je ne vois plus que son fessier, puis s’engage dans une conduite forcée de 80*80 qui finit … sur un siphon !! Encore un !
Dégoutés, on déséquipe et on se casse.
Vu l’heure (19h30), nous sommes face à un choix cornélien : on rentre ou on y continue.
Un peu agacés par notre échec, et bien équipés en corde + perf et amarrages, nous décidons d’aller jeter un œil (désolé Bruno) à la diaclase découverte dans la semaine.
Le départ de la galerie est vraiment sympa, de beaux volumes, un passage bas, puis du très gros tout noir en face de nous. Je fais une visée horizontale d’au moins 35 m.
Un plan de clivage avec une zone de rupture nous oriente plutôt vers une structure de faille.
Quoi qu’il en soit, Bruno a faim. Et il faut vraiment avoir faim pour ingurgiter ces vieux maquereaux imbibés à la piquette marine. Ça sent le poisson pas frais à 30m….pas frais mon poisson ?
Afin de nous aérer les naseaux, nous partons vers la pointe. Peut pas manger des diots, comme tout le monde ?
2 points en tête de main courante, idem pour la verticale suivante. C’est très gras et très zippeux, de la patioque en cuchons, et ressemble à s’y méprendre à ce qu’avait trouvé David dans une tentative d’escalade des amonts de la salle à Lhassa.
Je rejoints Charlot avec Bruno qui s’est mis à la topo. Nous recoupons un magnifique méandre et descendons dans son surcreusement.
C’est propre, lavé par les crues, et nous rappelle l’aspect du méandre du Tibet libre. Il se pourrait bien que nous nous soyons dans ses amonts.
Je passe en tête, franchis 2 petites ressauts, avant de m’arrêter au sommet d’une verticale d’une quinzaine de m. on voit nettement un palier avant une nouvelle verticale. Ça sent la jonction. Reste à définir avec quoi, la topo nous le dira. Droits de l’homme, Tibet libre, ou carrément autre chose ?
Bruno qui progresse avec son œil unique nous fait marrer. Ce sera la jonction par le puits NAKANOÏ.
On arrête la progression, faute de cordes. Remontée dans la galerie hara kiri, puis redescente par le méandre confucius.
Nous arrivons au bivouac à une h avancée, les 12 coups de minuit bien sonnés.
Eau chaude, casse-croute, et la nous hésitons : les duvets nous tendent leurs plumes, et on est déjà bien entamés. Bruno, lui, remonte, charge de famille oblige.
Nous regrettons avec Charlot de ne pas avoir prévenu nos blondes que nous risquions de bivouaquer.
Ça sent l’avouanée.
Du coup, on s’abade, on décide de remonter, mais vu l’h tardive, et le peu de jus qu’il me reste, pompé par la charge virale, ce sera long…mais long. Départ vers 1h, avec un brin la niard d’être pompé comme ça…
Et arrivée à la salle d’entrée vers 4 h du matin…
Puis au 4*4 vers 4h30… au moment où les camions de livraison montent à Flaine.
Sur le portable, 10 messages, de nos blondes (inquiètes des frasques de leurs vieux) et de nos copains (réveillés par nos blondes, mais pas inquiets, car ils nous connaissent).
Bon on rassure tout le monde, on rentre au bercail, et on se couche au moment où d’autres se lèvent, comme si on avait fait la rioule, sauf qu’on a passés l’âge. Sur que Bruno, lui, tout borgne qu’il est, dort depuis des lustres.
Belle sortie, bien fracassés, avec le sentiment d’avoir rempli une bonne mission.
Tpst 17h (quand même)
Aussi fracassés que quand on allait faire les pointes à – 800 sans bivouac…
Ça ne nous rajeunit pas tout ça.
ARvi Pa