traversée mythique

Ce coup-ci c’est la bonne : après quelques légers retards bien indépendants de notre volonté (du type virus teigneux) nous décidons de nous lancer dans cette traversée déjà mythique d’entre 2 mondes : celui du grand est asiatique (le gouffre perte de la muraille de Chine) et l’autre du grand nord (le golet du solfatare). En effet ces 2 grands gouffres ne font plus qu’un depuis …très longtemps en fait, mais seulement quelques semaines dans notre éphémère réalité d’explorateurs et topographes amateurs. La jonction s’est en effet réalisée à la cote – 716 m (coté muraille) au lieu-dit la salle de la table ou un très bel affluent arrive (baptisé l’affluent du tibétain jovial).

Donc nous descendons dans le canyon, accompagné de sherpas qui n’ont rien de Népalais… plutôt dans le genre viking le fiston, accompagné des 2 Sophie.

 

Nous faisons une halte au vestiaire de la muraille puis repartons en direction du solfatare, en suivant la trace faite dans le pentu par les copains 8 j avant.

 

Arrivés à l’entrée du solfatare, bien caché sous son toit neigeux, certains sont à fond

 

« banzai »

 

D’autres confient leur corps à la science. C’est un chaud le président !

 

Nous pénétrons donc dans l’univers des trolls vers 11h. Descente tranquille avec un étiage exceptionnel. Les puits s’enchainent, on se regroupe à –275 dans la salle du troll pinembour.

 

 

Puis ça continue : galerie des quincaions,  puits des druides (P40, - 352)

 

Puis le puits du krakken (P36 – 390) qui bénéficie d’un étiage fabuleux. Du coup, pas besoin de déplier la bâche qui canalise la cascade de la rivière de la Valkyrie. C’est fabuleux de constater que dans notre activité, il suffit de pas grand-chose (un débit de rivière +/- gros) pour faciliter ou compliquer vraiment la progression.

 

Nous parcourons la rivière de la valkyrie et déroulons dans la galerie Knuss Bera (- 400).

Patrick ouvre des gobilles comme des soucoupes : « ha mes cochons la belle pointe que vous avez faits la ». C’est vrai que cette sortie du 28/01/2012 fut un grand cru

http://scmb.cds74.org/page.php?no=528

 

Nous arrivons to plan au sommet du monstre : cet énorme P106 arrosé qui aura bloqué la progression pendant tout l’hiver 2013. Le puits ginnungagap, nom donné en référence à un vaste gouffre dans la mythologie nordique. Cet abîme si profond que son fond  inconcevable séparait les mondes Niflheim et Muspellheim, respectivement les royaumes du froid et du feu.

Petit casse croute rapide, pas trop long, car si on se met à trop reflechir…ça gamberge… et plus on attend, moins c’est bon.

Allez on va pas faire des gognes…je ferme la marche derrière Charlot et Patrick.

Au sommet du monstre nous lui lançons, comme par bravade :

 

Puis c’est la plongée dans l’inconnu , pas question de rester tout seul la haut, les copains sont déja dans le puits

on appuie sur les freins car avec de la 8.5 dans un P100, pas question de se laisser griser par la vitesse

 

 L’ambiance est fantastique ; accompagné  par la rivière de la walkyrie qui se dilue dans des embruns à l’apparence microscopique tellement les volumes sont énormes.

 

Au premier frac après un jet de 30m, je prends le temps de profiter du paysage : honnêtement, c’est à ce jour le plus gros puits (connu) de nos réseaux  du secteur, non pas en terme de profondeur (il y a quelques P200 sur Flaine) mais de dimension (même avec nos éclairages modernes et puissants censés nous éclairer comme en plein jour, les bords  de ce puits - faille  sont à peine entrevus. 

Je pendule pour attraper les fractios suivants, avec la plus grande attention sur les appuis « bouts de bottes » pour ne pas projeter de cailloux sur la couenne des copains en dessous. Ce puits est intégralement taillé dans le sénonien, brassé par les mouvements géologiques. Les bords du puits sont zippants, sous forme de banquettes pleines de pièges.

Je repense à Bruno qui a fait la  première trace  l’an passé et dépucelé le monstre et je comprends mieux ses YAOUOUOUH d’enthousiasme.

Mais toutes les bonnes choses ont une fin, et je tire la dernière longueur pour rejoindre les copains, étonné que le monstre ne fasse « que » 106 m.

les plissements du senonien  sont impressionnants !

Et la soudain, on se tape un p’tit délire , bien contents d’être la avec notre président, et d’avoir vaincus certains vieux démons. Cela vaut bien une petite danse….

 

https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=7&cad=rja&uact=8&ved=0CD8QtwIwBmoVChMIqvGR74DrxwIVQjoUCh2WrgXr&url=http%3A%2F%2Fwww.youtube.com%2Fwatch%3Fv%3DIsybM8jy29g&usg=AFQjCNE27ES4wpCHx8qJ6mvMeudLEi3_Cg

Après ce petit delire….et bien on va voir la suite.  D’énormes amas de blocs  nous font desescalader des ressauts. La suite est un passage relativement modeste entre les blocs, la trémie n’est pas loin.

A 10 m de ce   passage clé arrive un méandre ou coule un bel actif. 

A 20 m au-dessus de nos têtes,  un gros palier nous laisse planer comme un bon vieux  doute…et si nous laissions passer une autre suite, sous forme de puits parallèles …. L’histoire de la speleo d’exploration et notamment dans le septante 4 est remplie d’exemples de ce type, comme sur le criou tout proche (mirolda, morts vivants, amin dada…et j’en passe).

Il faut bien en laisser aux générations futures….A bon entendeur….

 

Allez zam, on s’emmode, y’a encore un bon bout de chemin.

On passe sous une coulée d’albien et l’on retrouve la rivière des walkyries, qui du coup a pris un peu d’embonpoint, la ribaude

 

Quelques jolies concrétions parsèment le parcours

On s’tape une p’tite pause pour faire le plein d’énergie

Certains se la font dans le genre sado/maso

 

D’autres sont plus traditionnels pratiquants…genre missionnaires voyez…tomme, diot, cayon …manque plus que la mondeuse, mais vu ce qui nous attend, mieux vaut avoir les idées claires. Et les réflexes au top.

Donc aqua simplex…pas celle du réseau souterrain, du moins sans la traiter efficacement,  car l’expérience nous montre qu’elle est passablement polluée, et vu les mésaventures toxialimentaires rapides et prévisibles de nos camarades assoiffés qui ont voulu remplir un botoillon dans la rivière « pure » et épancher une soif bien compréhensible de speleos pratiquant des explos de haut niveau…ils avaient juste oubliés qu’au-dessus de leur tête sévissaient quelques pollueurs patentés et appâtés du gain,  sans vergognes,  qui balancent allègrement les résidus de leurs fosses septiques à monchus dans le lapiaz. Qui a parlé des restos d’altitude et des fosses septiques non raccordées ?  des noms ? Des noms ? Ceux qui lisent ces lignes doivent savoir de qui il s’agit. A défaut et comme indice, sachez braves lecteurs que notre bassin versant commence au sommet des grandes platières , passe par la combe de vernant et que la goutte d’eau polluée peut venir de très très loin…

Cela mériterait de faire quelques prélèvements ciblés et d’alerter nos autorités sanitaires. Un beau sujet d’explorations parallèles en perspective…A vos éprouvettes amis biologistes.

 

Donc on continue et au bout de X m de méandre on tombe sur …une trémie. La trémie qui aurait pu nous compliquer sérieusement la tâche et reporter nos hypothèses de jonction.

 

Allez on ne va pas faire des gognes, j’en ai passé des + sévères dans ma chartreuse natale, je débranche le cerveau et passe l’étroiture en rentrant le gras du bide sans rien toucher du tout, puis me retourne pour attendre le président. C’est vrai que ça a quand même une salle gueule (la trémie, pas notre président bien aimé).

 

La suite est super sympa

Méandres concrétionnés

Ressauts pour certains très aquatiques (les salopiots de jeunes n'ont pas mis de corde… ils nous prennent pour des brafagoilles… sauf que dans les flaques, on a de l’eau jusqu’aux tétons). On ne leur fera pas le plaisir de mouiller nos bottes (c’était quand même un peu limite)

De belles méduses

Charlot n’en revient pas…un vrai cave’s angel

 

Et soudain au détour d’un virolet du méandre, une apparition : un troll digne représentant du grand nord, reconnaissable à ses petites oreilles rondes

 

Et un yeti, abomina freux homme des neiges platesques (de platé, bande d’ignares), descendant de son Tibet natal, reconnaissable à sa pilosité et à son harnais de poitrine.

 

Le tout dans une joyeuse ambiance de fusion de fond de trou. Je vous laisse deviner qui est qui ??

 

 

Bref, comme il revient aux inventeurs des trous de baptiser les passages clés, ce sera donc le méandre du yéti-troll (on a failli devant la photo précédente vous faire le coup du méandre troll-geisha, mais les geishas n’ont rien à voir avec le Tibet, et personne ne voulait faire la geisha …quoique…on peut avoir quelques doutes)

 

Allez on continue.

Au bout de quelques bonnes longueurs, le passage se rétrécit, en laminoir. C’est ce tunnel venté qui nous avait arrêté le 15/02/2013 (cf http://scmb.cds74.org/page.php?no=571). Sauf qu’il ne faisait pas 20 m mais seulement 5 ou 6, et que l’aménagement du seuil + l’étiage exceptionnel du moment nous permet  de le  franchir facilement.

Nous retombons donc dans une zone connue, au-dessus d’un ressaut d’albien d’une dizaine de m que nous descendons rapidement.

Rv à la salle de la table, (-716) nous sommes bien dans la muraille de chine, et le mystère de l’affluent du tibétain jovial est donc résolu : il s’agissait du solfatare.

Comme nous sommes proches du fond du réseau, nous emmenons notre président bien aimé voir le collecteur.

Descente du Tibet libre jusqu’à la jonction avec la rivière tsang po, puits des puceaux, et nous empruntons le shunt qui nous ramène au collecteur.

Notre président ouvre des gobilles comme des soucoupes. Malgré l’étiage, réellement  exceptionnel cette année, l’ambiance est dantesque…

https://www.youtube.com/watch?v=bIfDa66N6Fk

 

Allez on est pas rendu, l’heure avance, et nous décidons de remonter to plan jusqu’au bivouac.

Le petit passage du puits shin toc avec son rappel guidé.

 

Remontée du puits du Gengis khan (P100) qui me parait étonnamment calme, et me permet d’en profiter pleinement. Il est vrai qu’une des dernières fois ou nous avons remonté le bestiau, c’était avec une crue d’enfer - cf cr 01/02/2013 http://scmb.cds74.org/page.php?no=570) et une ambiance bien différente.

Arrivée tranquilou au bivouac, repas, petite soupe, pisse mémé, petite lessive…et au lit.

Le lendemain remonté to plan et dans la salle d’entrée …une petite surprise pour notre pote Charlot dont c’est aujourd’hui l’anniversaire.

Et à la sortie : d’autres ont eu même idée…

 

En tout cas une bien belle traversée, déjà mythique

 

Tpst 26h

 

Voici quelques mots de notre président à vie

« Le 21 Décembre la nouvelle tombe….Bruno et Yo ont fait la jonction Muraille-Solfatare…..ça me fait bien rêver.

Début Février le Dav m’appelle pour me parler de la traversée et me bouster pour la faire avec Charlot et Guich….rendez-vous est pris avec mes 2 compères !!

J’ai pas fait grand-chose pendant l’hiver à part un peu de footing et de raquette….ça me stress un peu…on verra bien !!

….Eh bien ça à été tout vu…superbe traversée de toute beauté…le méandre de jonction vaut quand même des points.

Mes 2 compères m’emmènerons même voir l’amont de la rivière que je ne connaissais pas…ça ressemble quand même à un début de collecteur !!

Et cerise sur le gâteau c’était l’anniversaire de mon vieux pôte Charlot !!

Enfin tout ça pour vous dire que cette sortie fut un vrai bonheur pour moi »

 

 

Au total le système solfatare-muraille est un réseau  dont les cotes actuelles sont respectables :

  • Profondeur – 852 m (2 arrêts sur siphons)
  • Développement : 9079 m

S’il s’agit sans discussion possible du plus profond du massif des Fizz (platé), un doute persiste quant au leadership de son développement puisque personne  à priori ne connait celui du système TV1/poya (explorations faites à des périodes différentes par plusieurs clubs, et dont la synthèse mériterait d’être réalisée)

 

Cette saison d’exploration 2014/2015 nous aura ramenée plus d’1 km de nouvelles galeries (méandre du  yeti-troll et galerie Hara-kiri)

Et non chers amis, l’aventure n’est pas finie !! l’interclub SCMB-SSG continuera en 2015/2016 ses explorations avec 2 zones majeures :

  • Le fond du réseau, dans la zone des – 800, car ce foutu courant d’air doit bien aller quelque part, et shunter ces Rogntudju de bagolus de brafagoilles de siphons
  • La zone fossile de la galerie hara kiri à - 400 dont les explorations restent à poursuivre…car les chauves-souris ne sachant pas nager…à priori…il faudra la encore faire la traque aux courants d’air !

 

Allez arvi pa

Guiche

13/02/2015

 

 

Mots-clés: Solfatare, Muraille de Chine

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